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mercredi, juin 18, 2025

Parc national du Banco : Voyage au cœur du poumon d’Abidjan 

En pleine ville d’Abidjan, une forêt primaire se conserve. Elle est le cœur battant de cette ville dynamique et pleine de vie. C’est une forêt que l’activité humaine n’a pas su dégrader. Elle conserve ses écosystèmes à l’état naturel, malgré des velléités anciennes visant sa destruction progressive : la forêt du Banco. Elle est une source de vie. C’est la source d’oxygène qui permet à Abidjan de ne pas suffoquer de chaleur. Dans le cadre de la conférence mondiale des journalistes scientifiques francophones qui se tient à Abidjan, les hommes de médias ont pu mener des ateliers de formation et une visite dans cette forêt, devenue Parc il y a un peu plus de 70 ans.

Nichée en plein cœur de la capitale ivoirienne, la forêt du Banco est la seule forêt avec le parc national de la Tijuca à Rio de Janeiro au Brésil à être en plein milieu de ville. Depuis fin octobre 1953, cette forêt a gagné le statut de Parc. Depuis donc plus de 70 ans ses espèces sont protégées, les entrées y sont réglementées et surveillées. Lorsqu’elle fût transformée en Parc national, Abidjan comptait moins de 100 000 âmes. Aujourd’hui, la première ville ivoirienne a une population estimée à 6 000 000 d’habitants. 6 000 000 de personnes dont les activités produisent de gaz carboniques, absorbés ensuite par cette forêt qui les transforme en oxygène. Au total le Parc du Banco séquestre jusqu’à 35 000 tonnes de gaz carbonique par an. Ce parc préserve la forêt et permet en même temps la conservation de la faune sauvage. Il garantit ainsi le bien-être humain, animal et environnemental. L’illustration parfaite du concept Une Seule santé, le thème même de la conférence qui réunit à Abidjan, en Côte d’Ivoire, près de 100 journalistes et chercheurs venus de près de 20 pays, grâce notamment à la bourse du Réseau des Journalistes scientifiques d’Afrique francophone (RJSAF), pour réfléchir autour de cette thématique. Ce thème rappelle que la santé humaine, la santé et la santé environnementale sont liées.

Par sa superficie, 3 438 hectares, le Parc du Banco est le plus grand Parc de Côte d’Ivoire. Ce Parc est la deuxième plus grande forêt urbaine au monde derrière le Parc national de Tijuca, qui lui, recouvre une superficie de 4 000 hectares.
Le Parc du Banco est une source de fraîcheur*. Cette forêt urbaine ivoirienne, bien que vielle de plus de deux siècles, dont plus 70 ans en tant que Parc, porte bien son nom. Car, hormis l’oxygène qu’elle produit pour Abidjan, elle fournit aussi une autre ressource vitale à toute vie : l’eau potable. Elle abrite 29 forages d’eau potable. Selon Ouedraougo Abdul Aziz, l’un des écogardes du Parc, « 40% de l’eau potable que consomme la population d’Abidjan provient de la nappe phréatique de ce Parc ». Autant dire que ce Parc est un espace de vie.

Diversité d’espèces animales et végétales 

La forêt urbaine du Banco est riche en espèces végétales et animales. Elle abrite 3 à 4 familles des chimpanzés. Des primates qui perpétuent leur population dans un environnement sécurisé. Le Parc abrite aussi des gazelles, des biches, plusieurs espèces de reptiles, des rongeurs et des oiseaux. Des espèces aujourd’hui à l’abri du braconnage. L’office ivoirien des Parcs et réserves veille au grain. Selon Ouedraougo Abdul Aziz, il y a bien longtemps, ces animaux étaient en proie à des chasses furtives et récurrentes. Ce braconnage a été responsable de la disparition de certaines espèces, notamment les éléphants. Ces pachydermes dont la digestion des fruits du Makore permettait à cet espèce végétale de se perpétuer.

En effet, les fruits du Makore et de l’Argua (deux arbres présents dans le Parc du Banco) ont besoin de passer par la chaleur de l’estomac d’un éléphant pour pouvoir germer. Depuis la disparition des éléphants dans cette forêt, l’Argua a du mal à pousser à nouveau. Pour le Makore, il s’est trouvé des esprits éclairés qui ont, par le passé, réussi à faire germer l’essence dans le Parc du Banco, en rechauffant les fruits et ses graines, explique Ouedraougo Abdul.
Ces personnes ont su faire un pied de nez à la prédation humaine contre des espèces animales et végétales. Grâce à cette bravoure, le Parc du Banco conserve encore près d’un millier d’espèces végétales, dont le Ako, le Niangon, le Makore, le Ailé, le Ginkgo, le Azobé…

Patrick Ilunga

*Banco est une déformation du mot Ebrié « Gbancô » et signifie « source d’eau rafraichissante »

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