Le gouverneur militaire de l’Ituri, le lieutenant-général Johnny Luboya Kashama alerte le gouvernement et les populations sur les enjeux de la suppression temporaire des soldes des hommes en uniforme en activité et des ayants-droit des soldats, survenue depuis plusieurs semaines.
Le lieutenant-général Luboya Kashama affirme avoir saisi avec insistance, le commandant suprême des forces armées, le président Félix Tshisekedi pour attirer son attention sur les conséquences néfastes de cette suspension.
Étant l’une des sources de motivation du travail, la désactivation des soldes dûs aux militaires peut favoriser la démoralisation des troupes, les frustrations croissantes dans les rangs, et l’impact opérationnel négatif sur les forces en pleine manœuvre.
En effet, la suppression temporaire des soldes militaires résulte d’une opération nationale de contrôle lancée par de l’Inspectorat général des FARDC (IG FARDC), avec l’appui du Secrétariat général à la Défense, visant à assainir le fichier des effectifs militaires, en identifiant les agents inactifs ou fictifs, pour améliorer les conditions de vie des troupes et à renforcer la fidélité des soldats dans un contexte sécuritaire tendu.
Cette initiative s’inscrit dans une série de réformes impulsées par le ministère de la Fonction publique sous la houlette du gouvernement, visant à une meilleure maîtrise de la masse salariale et une gestion plus transparente des agents et cadres affectés au service de l’Etat. Elle envisage également, entre autres, la revalorisation progressive des soldes militaires, etc.
« RÉFORMES JUSTIFIÉES, EXECUTION BRUTALE »
Par ailleurs, l’exécution de cette mesure est perçue comme un risque majeur pour la stabilité de la région. Selon un analyste en sécurité issu de Hautes Études de Stratégie et Défense (CHESD), elle peut affaiblir la chaîne de commandement, éroder la discipline et favoriser les désertions ou les infiltrations ennemies.
« La cohésion des FARDC dans une zone comme l’Ituri ne repose pas uniquement sur les stratégies militaires, mais aussi sur la capacité à maintenir la confiance et la motivation des soldats. Si les réformes sont justifiées, leur exécution brutale, sans mesures d’accompagnement ni dialogue avec les commandements locaux, risque d’aggraver la vulnérabilité d’une armée déjà sous pression. »
La réaction des hommes en uniforme en activité reflète celle des agents et cadres affectés au service de l’Etat, à une époque où ils devraient contribuer à l’assiette de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) pour la garantie par l’Etat, de leur retraite sociale dans les meilleurs conditions. Une opération retrait de quelques sous s’effectuait automatiquement sur leurs comptes salaire via la banque, après le virement de paie de la Fonction publique.
Cependant, la mesure semblait être désapprouvée par les concernés et son exécution créait des frustrations dans leur chef, marquées par un sentiment d’injustice et d’incompréhension, alimentées parfois par le manque de communication claire.
Or, en société, l’absence de communication fluide peut susciter la crise, créer la résistance et favoriser l’échec d’un projet. Ce n’est que quand les parties prenantes sont informées suffisamment sur les tenants et les aboutissants d’une façon de faire, qu’elles se forgent une opinion propre à elles en s’impliquant dans l’affaire.
Échos – Ressources
